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Laurent Kiefer porte Guibert à fleur de corps

 

Par Patrick Merle, La Provence, Lundi 28 mai 2007. Sur Histoire de mon corps de Laurent Kiefer, du 18 au 27 mai 2007, au Théâtre du Têtard (Marseille).

 

Hervé Guibert, en écrivant sur plusieurs livres le journal de sa propre vie, pensait-il à  son adaptation possible à  la scène ? Lui qui, dès l'adolescence, avait succombé autant aux planches de théâtre qu'au charme des garçons ? Lui qui, autant par nécessité que par goût, se voua à  cette auto-fiction désormais en vogue dans la littérature hexagonale ?

 

Laurent Kiefer, acteur hélas trop discret dans le paysage régional, a franchi le pas, quinze ans après le décès de l'écrivain et journaliste, terrassé par le Sida fin 1991. Par son jeu revit, le temps d'un solo marathon de 2h30, celui qu'il considère comme « un auteur majeur, un modèle de finesse, d'intelligence et de courage ».

 

Depuis deux ans, Laurent a puisé dans la vingtaine d'ouvrages publiés matière à Histoire de mon corps, un récit intimiste donné en partage, jusqu'à  hier, au Théâtre du Tétard.

 

Des plus de 4000 pages, il fait remonter à  la surface les souvenirs d'enfance, le poids des parents particuliers, la soeur, les vieilles tantes, les premiers émois, la carrière de journaliste qui se profile au Monde, les amitiés de Michel Foucault ou Isabelle Adjani.

 

Il fait rejaillir le tempérament, le caractère, le culot qui caractérisaient cet être à part. Insolent, insoumis, qui put irriter dans sa manière d'aborder, le premier, cette maladie de manière frontale et radicale. Bien avant les trithérapies et une meilleure connaissance médicale du syndrome. Ici, la parole entendue dépasse le corps Guibert et semble par instant submerger l'homme Laurent qui, derrière l'acteur Kiefer, tangue sur ces mots porteurs d'émotion et d'authenticité.

 

Patrick Merle, La Provence, Lundi 28 mai 2007.

 

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