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De l'intime - Les Douches La Galerie - du 24 janvier au 14 mars 2020

Hervé Guibert, De l’intime, Les Douches La Galerie (5, rue Legouvé 75010 Paris), du 24 janvier au 14 mars.

 

Il faut sonner pour entrer aux Douches La Galerie. On pousse la lourde porte, on monte l’escalier et l’on se retrouve au milieu de l’univers du photographe exposé. In media res, « au milieu des choses ». Avec les photos d’Hervé Guibert actuellement présentées par Françoise Morin, cette impression de rentrer de plain-pied dans son monde est immédiate. Nous sommes dès la première photo, « Arles », au cœur de son intimité : une salle de bain, le corps du photographe qui se dissimule derrière la paroi d’une douche, laissant entrevoir son corps et son visage. On déambule dans ce beau parcours comme dans les livres de l’écrivain dont un de ses amis parlait en ces termes : « Ce que je préfère dans ce que tu fais, c’est le lien que tu donnes à tes livres. C’est comme une maison : il y a ta chambre, et puis il y a la chambre de l’ami, la chambre de tes grand-tantes, et puis des corridors qui relient toutes ces pièces (1). » 

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Ici les corridors sont le résultat du travail de la galeriste et d’Agathe Gaillard qui ont réussi, par l’agencement des photos, à raconter une histoire, à restituer une ambiance, un décorum, une intimité. On retrouve les visages de ceux qu’Hervé Guibert a aimé, de ceux qui l’ont accompagné son œuvre durant : Thierry, Christine, Mathieu, Eugène, Michel Foucault, Agathe Gaillard… On se replonge dans les lieux qu’il a investis pour écrire, l’île d’Elbe, l’appartement de la rue du Moulin vert, on reconnaît ses objets qui deviennent à travers son regard photographique de véritables personnages (la chouette empaillée, les billes). 

L’art d’Hervé Guibert est tout entier contenu dans les photos présentées : noir et blanc qui « déréalise » (2) ce qui est saisi (la photographie de Guibert ne documente pas, elle recréé, elle réinvente l’instant), jeux sur l’ombre et la lumière, importance donnée aux objets considérés comme indices d’une vision, d’un « beau moment », présence des proches qui traversent ses livres pour réapparaître de l’autre côté du miroir photographique, pouvoir d’évocation dans l’économie de moyens visuels (« Le rêve du désert », « Le rêve du cinéma »).

Ceux qui connaissent le travail de l’écrivain-photographe retrouveront avec plaisir ces visages, ces objets pris dans cette très jolie scénographie. Les néophytes découvriront assurément le travail d’un grand photographe qui a su faire de son univers une œuvre qui sait parler sensiblement à chacun.

Arnaud Genon 

 

1. Hervé Guibert, La Piqûre d’amour et autres textes suivi de La chair fraiche, Paris, Gallimard, 1994, p.147.

2. « Mais la photographie est une fausse valeur du réalisme car rien n’est plus irréaliste que le noir et blanc, qui n’existe pas dans la vie, qui est une dissociation machinale […] », Hervé Guibert, La photo, inéluctablement, Paris, Gallimard, 1999, p.286.

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