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Le Paradis (1992)

 

Paris, Gallimard, 1992 (publication posthume)

 

Présentation :

« Hervé Guibert écrivait comme un garnement fait des pieds de nez. Le Paradis, son dernier roman, paraît un an après sa mort et semble un diable sorti de sa boîte. Et ce paradis espéré, c’est d’abord l’enfer.
Le narrateur voyage avec Jayne Heinz. Cette ex-championne de natation, arrière-arrière petite fille de l’inventeur du ketchup, rédige une thèse sur Strindberg, Nietzsche et Artaud. Au début du roman, elle meurt éventrée sur une barrière de corail, au large de la martinique. Le narrateur raconte alors leur vie commune, leur séjour au Mali, puis à Bora-Bora, enfin à la Martinique. »

Norbert Czarny, « La dernière farce », La Quinzaine littéraire, 16-31 janvier 1993, p.10.


Hervé Guibert à propos du Paradis :

« Elle [une jeune interne] me demande si j’ai écrit ces temps derniers, je lui dis oui : ‘Quelque chose qui n’a aucun rapport avec le sida et que je n’ai jamais fait, une histoire d’amour très physique entre un homme et une femme, du roman très exotique en plus, c’est pour ça que je suis allé à Bora-Bora !’ »

Hervé Guibert, Cytomégalovirus. Journal d’hospitalisation, Paris, Seuil, 1992, pp.11-12.

Extrait :

« - Sans doute, dit Jayne, mais c’est un rêve d’enfant, et un rêve d’enfant ça ne se discute pas... C’était la nuit, j’étais sur la terrasse avec mes parents et mes frères, on avait fini le dîner, il y avait des bougies sur la table, et puis soudain Irwin, un ami de mes parents, est passé en coup de vent, la première chose qu’il a dite c’est : ‘Je reviens de Bora Bora, c’est le Paradis.’ Moi, petite fille, je trouvais cet Irwin très beau, une sorte d’aventurier. Et le mot Paradis a claqué comme une chose fabuleuse. Ce n’était pas lié à la religion, parce que nos parents ne nous avaient pas donné d’éducation de ce côté-là, et pour moi le Paradis n’était pas moins chinois que l’enfer, je ne connaissais rien de ces mythes, mais d’un seul coup, passant par la bouche d’Irwin, le Paradis devenait le fin du fin, le rêve absolu, le sommet, le Paradis quoi, et moi le Paradis je veux connaître. »

Hervé Guibert, Le Paradis, Paris, Gallimard, 1992, p.49.

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