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Le Protocole compassionnel (1991)

 

Paris, Gallimard, 1991.

 

Présentation de la quatrième de couverture :

« C'est tout bonnement la suite de A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie : exactement ce que j'avais dit que je ne ferais jamais. Un an et demi a séparé ces deux livres. Le temps de la renonciation à l'écriture, celui de l'expérience. On retrouve les mêmes personnages: Hervé Guibert, écrivain malade du sida, ses proches, la communauté des malades et de leurs soignants. Claudette Dumouchel, jeune médecin de vingt-huit ans, entre en scène. Une étrange relation va s'inventer à chaque examen entre cette femme très belle et le narrateur. Une relation peut-être proche de l'amour, on ne sait jamais.
Un nouveau médicament, aussi, est apparu, très difficile à obtenir et incertain, encore au stade de l'expérimentation, le DDI. Aux États-Unis, il a déjà tué trois cents personnes qui se l'étaient procuré au marché noir et l'avaient utilisé sans connaître les doses, sans surveillance médicale, aveuglément, désespérément. En France, pour l'instant, on le délivre aux malades qui sont à la dernière extrémité, dans un protocole qualifié de « compassionnel » par les médecins. C'est ce nouveau médicament qui m'a permis de surmonter mon épuisement, et d'écrire. Si A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie racontait la prise de conscience de la maladie et son travail sur le corps et sur l'âme, Le protocole compassionnel raconte l'étonnement et la douleur, la rage et la tristesse d'un homme de trente-cinq ans dans lequel s'est greffé le corps d'un vieillard. Mais le bonheur d'une rémission fait une incursion dans le malheur. »


Hervé Guibert à propos du Protocole compassionnel :

« J’ai gambergé et tout à coup je me suis dit : mais bon sang, je n’en suis pas rendu compte, mais Le Protocole compassionnel a un schéma christique. Je n’en ai pas été conscient quand je l’ai fait. Il y a un chemin de croix, avec des épreuves comme des stations : la cave, la fibroscopie. Ensuite, il y a toutes ces scènes où je m’accroche autour du cou du masseur, autour du cou du médecin et qui forment comme des ‘Pietà’. Et puis, il y a une pseudo- résurrection à la fin. Mais de même que maintenant j’ai envie de me débarrasser physiquement du sida, j’ai aussi envie d’en débarrasser mes livres. »

« Guibert gagne », entretien avec Sophie Chérer, 7 à Paris, du 24 avril au 30 avril 1991, p.16.


Extrait :

« Je manque tellement de chair sur mes os, dans mon ventre puisque je ne mange plus de viande ni poisson depuis des mois, sur ma langue et sous mes doigts, dans mon cul et dans ma bouche ce vide que je n’ai plus envie de combler, que je deviendrais volontiers cannibale. Quand je vois le beau corps dénudé charnu d’un ouvrier sur un chantier, je n’aurais pas seulement envie de le lécher, mais de mordre, de bouffer, de croquer, de mastiquer, d’avaler. Je ne découperais pas à la mode japonaise un de ces ouvriers pour le tasser dans mon congélateur, je voudrais manger la chair crue et vibrante, chaude, douce et infecte. »

Hervé Guibert, Le Protocole compassionnel, Paris, Gallimard, 1991, p.90.

 

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