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L'Homme au chapeau rouge (1992)

 

Paris, Gallimard, 1992 (publication posthume)

 

Présentation de la quatrième de couverture :

« L'homme au chapeau rouge représente le troisième volet de cette histoire personnelle du sida amorcée par À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, et poursuivie dans Le protocole compassionnel. Cette fois le narrateur, identique, ose à peine prononcer le nom de sa maladie. Pour la tromper, ou l'oublier, il se lance à corps perdu dans la recherche, le marchandage et l'acquisition de tableaux.
Il va se trouver emporté - et l'enchevêtrement de son récit avec lui - dans une double histoire de faux, dont est victime le peintre grec Yannis, et de kidnapping d'un expert arménien, Vigo, qui dénonçait justement les faux dans les grandes ventes de Sotheby's ou de Christie's à Londres ou à New York.
Dès qu'on commence à vouloir parler ou se mêler de peinture, on est inévitablement confronté à ce problème du vrai ou du faux, qui est peut-être au cœur de tous les livres d'Hervé Guibert. Deux couples hantent ce nouveau livre : le peintre Yannis et sa femme Gertrud, que l'écrivain va poursuivre jusqu'à Corfou, le marchand de tableaux Vigo et sa sœur Lena, avec laquelle Guibert va aller à Moscou, sur les traces de son frère mystérieusement disparu.
Car cet ‘homme au chapeau rouge’ est aussi un chasseur de peintres. Depuis quinze ans, il pourchasse Bacon et Balthus, jusqu'en Suisse ou à Venise ; pour leur arracher quels secrets ? »

Extrait :

« J’étais parti pour Corfou rejoindre le peintre Yannis, j’avais les poches bourrées d’opium sous forme de gélules pour apaiser ma douleur, on m’avait ouvert la gorge et recousu sous anesthésie locale, gonflé d’adrénaline, parce qu’une anesthésie générale aurait posé des problèmes d’insuffisance respiratoire dans mon état, le chirurgien avait prélevé un morceau du petit ganglion qui avait poussé un mois et demi plus tôt sous la mâchoire gauche et qui s’était rapidement enkysté, pour le faire analyser, cinq médecins différents qui l’avaient palpé au cours de ce mois de surveillance avaient exigé une biopsie, un seul ponte consulté au téléphone pensait qu’une ponction suffirait, mais une fois sur la table d’opération le chirurgien me dit qu’une ponction ne donnerait rien, parce que le ganglion était trop dur, et qu’il fallait carrément prélever, ce chirurgien que m’avait conseillé le docteur Nacier était terriblement brutal, il avait pincé mon ganglion entre le pouce et l’index pour évaluer sa consistance, en visant doit au but, et en fourrageant dans ma gorge avec ses doigts. »

Hervé Guibert, L’Homme au chapeau rouge, Paris, Gallimard, 1992, pp.11-12.

 

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