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Nina Bouraoui

 

Nina Bouraoui est née en 1967, à  Rennes. Dans Mes mauvaises pensées (Stock, 2005, Prix Renaudot 2005), elle évoque à plusieurs reprises la figure d'Hervé Guibert qui a marqué ses textes, son écriture, sa vie.

 

Elle est l'auteur de plusieurs romans dont La voyeuse interdite (Gallimard, 2001, Prix Inter 1991) et Garçon manqué (Stock, 2000). Sur une île déserte, elle emporterait Adolphe de Benjamin Constant, Le Mausolée des amants d'Hervé Guibert et Bonjour tristesse de Françoise Sagan, comme elle le déclarait à Capucine Roche pour la revue Lire en juin 2005 : « Pour continuer à apprendre ce que signifie vivre, écrire et aimer, je choisis le journal d'Hervé Guibert, Le Mausolée des amants, qui réunit l'érotisme, la sexualité, la littérature en tant que don de soi. J'ai souvent pensé que Guibert était une sorte d'amant de papier. Sa lecture est charnelle. Je songe aux débuts de certains de ses romans, aux corps de ses amants, à sa force - son incroyable force -, à sa voix étrange, à son visage, triste et grave, à  sa beauté, entêtante. »

 

Selon-vous, quelle importance l'oeuvre d'Hervé Guibert occupe-t-elle dans le champ littéraire (et photographique) des 30 dernières années ?

 

Hervé Guibert, c'est l'invention de soi. Aussi bien en littérature, qu'en photographie (qu'il qualifiait de pratique amoureuse). Guibert écrit avec ses yeux, avec le corps entier. C'est une littérature sensuelle, voire charnelle. Toujours juste. Toujours là . Il avait un don, je crois, pour révéler (tel le bain révélateur), les secrets du monde.

 

En quoi la lecture des textes d'Hervé Guibert, que vous citez dans certains de vos livres ou évoquez dans des entretiens ou articles, a-t-elle une influence dans votre propre travail d'écriture ?

 

Guibert a libéré mes peurs et mes tabous. Il se mettait sans cesse en danger. On devrait toujours écrire avec cette idée, avec cette urgence. Il y a chez lui un vrai souci du mot, du style. Ce n'est pas un écrivain de l'intime. C'est un écrivain de l'intérieur, c'est-à-dire de la matière vivante. Chaque livre est le livre de la vie.

 

Hervé Guibert déclarait avoir ce qu'il appelait des "frères d'écriture" dont le travail "irradiait ... comme une transfusion" ses propres textes... Le considérez-vous, à votre tour, comme "un frère d'écriture" ?

 

Il est plus qu'un frère. Il est comme un père, puisqu'il y a cette idée de transmission. Lire H.G, c'est apprendre à écrire.

 

Nina Bouraoui, par email, le 11 octobre 2006.

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