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Hervé Guibert (1955 - 1991)
L’Homme blessé (1983)
En collaboration avec Patrice Chéreau, Paris, Minuit, 1983.
Présentation de la quatrième de couverture :
« Au lieu d’écrire une préface ou une postface, au lieu de dire : voilà, nous avons mis six ans à écrire cette histoire, avec de longues interruptions, bien sûr, mais en écumant, au fur et à mesure de nos deux vies, parallèlement, le meilleur de nos émotions pour en faire vivre nos deux personnages — et rêver sans contrainte à une histoire idéale — , nous avons pensé qu’il serait mieux d’y faire entrer le lecteur de plain-pied, un peu comme dans un roman, puis de lui dévoiler certaines des notes que nous avons prises l’un et l’autre, pendant ces six ans, pour lui montrer comment l’histoire s’était construite, comment nous nous étions accordés ou opposés, comment d’un récit entier il ne pouvait subsister qu’une seule réplique, et aussi comment, quand notre histoire était en panne, nous avons dû la relancer par la lecture des maîtres secrets, Dostoïevski, Genet, Borges, Pavese ou Arenas. En publiant ces notes, souvent intimes, nous ne voulons pas être des prestidigitateurs qui retournent leurs accessoires, mais plutôt laisser à la surface de la toile les quelques coups de pinceaux rugueux qui ont fait le travail. »
Hervé Guibert à propos de L’Homme blessé :
« Patrice Chéreau m’a poussé vers des personnages, il a eu très vite besoin de noms, les a cherchés dans des nécrologies de journaux et dans le bottin. Nous nous sommes retrouvés avec ces noms, comme des enveloppes vides, qu’il fallait remplir.
Patrice Chéreau disait : « Il faut raconter une histoire. » Il avait une obsession de structure, il recommençait sans cesse des plans, avec des numérotages, traçait sur le papier des vecteurs qui correspondaient aux déplacements des personnages. Rencontre. Première disparition. Absence. Seconde rencontre. Seconde disparition. Quête. »
Hervé Guibert, « Les Escarpins rouges », in La Piqûre d’amour et autres textes suivi de La Chair fraîche, Paris, Gallimard, 1994, pp.133-134.
Extrait :
« Cette histoire commence un 31 juillet dans la banlieue d’une grande ville, par une fin d’après-midi très chaude. Un début de soirée épais et poisseux, lourd, pas vraiment ensoleillé.
Une famille d’origine polonaise, les Borowiecki, fait ses bagages : ils habitent un appartement de trois pièces avec une petite cuisine et une salle de bain, au sixième étage d’une grande bâtisse. Le père, Serge Borowiecki, est un homme de quarante-cinq ans, maigre et taciturne, aux vêtements ternes, au visage marqué. Chauve, il a gardé une longue mèche qu’il rabat sur le haut proéminent de son front. »
Hervé Guibert, Patrice Chéreau, L’Homme blessé, Paris, Minuit, 1983, p.9.
L’Homme blessé est disponible en DVD depuis le 7 mars 2005. A noter, dans le DVD bonus, l’intégralité de l’entretien de 1990 d’Hervé Guibert avec Bernard Pivot à Apostrophes (15 minutes).